Des hommes habillés en noir, une ruelle sombre, d'imposantes armes à feu et une conversation dans un anglais parfait, alors que l'on se trouvait à Oslo en Norvège. Voilà ce à quoi avait assisté Madame Tommeraas. Mère de quatre enfants, respectivement âgés de dix, sept, cinq et trois ans, son mari l'avait appelé pour lui annoncer que la petite dernière avait de la fièvre. Alors en rentrant du lycée dans lequel elle enseignait, elle était passée par cette ruelle ; un simple raccourci pour arriver plus rapidement chez elle. Deux hommes avaient été abattu ce soir là, sous ses yeux, dans cette même ruelle. Ses cris d’effrois avait très rapidement attiré l'attention des tireurs, et de celui qui semblait être leur chef. Un américain, grand et effrayant, dont elle avait croisé le regard, avant que la police n'arrive. Elle aurait pu être tuée ce soir là. Elle aurait dû être tuée. Mais la police norvégienne était arrivée juste attend, faisant fuir ces gangsters. Un officier c'était contenté de questionner la jeune mère de famille, avant de la renvoyer chez elle. Mais le cauchemar ne faisait que commencer : elle recevait des lettres de menaces, des appels anonymes, son mari repéra une étrange camionnette qui attendait devant chez eux et tout deux se sentaient suivit dans la rue... ils ne dormaient plus, et ne se sentaient plus en sécurité dans leur propre maison et dans le quartier qui avait vu grandir leur petite famille. Après un mois de procédure, de rendez-vous et de paperasse à remplir, la famille fut acceptée dans le programme de protection des témoins. Programme américain, qui allait prendre en charge la famille, leur donner une nouvelle identité, une nouvelle maison, bref : une nouvelle vie, de l'autre côté de l'atlantique. À présent les Tommeraas était les Feuerbach. Nom tout aussi norvégien, afin que leur fort accent et l'anglais hésitant du père de famille, ne soit pas trop suspicieux. Ils avaient officiellement déménagé ici car amoureux de ce beau pays et voulant eux aussi une part du rêve américain. Ils habitaient dans une charmante maison dans la banlieue de Boston, Madame Feuerbach avait reprit son job d'enseignante dans le lycée le plus proche, après une courte formation sur l'histoire de état-unis. Ils avaient été naturalisés, et vivaient comme presque toute les familles du coin, une vie paisible, rythmée par le travail, les sorties en famille et les activités exact-scolaires des enfants.

« Hente vesken, er det på tide! » Nokia descendait les escaliers de la maison en courant avant de répliquer : « Quoi ? » sa mère échappa un soupire avant de lui répéter, en anglais, de prendre son sac car il était l'heure de partir. La petite dernière s’exécuta, attrapant son sac à dos avant de partir attendre le bus avec sa sœur. Alaska, petite brune qui ne semblait pas grandir, était la troisième de la fratrie et tout comme Nokia elle ignorait tout du secret qui se cachait derrière leur déménagement et leur présence à Boston. Elle gardait par contre un petit souvenir de la Norvège, ce qui n'était pas le cas de la blonde, qui ayant quitté son pays natale à trois ans, n'en reconnaîtrait rien, pas même sa chambre d'enfant. À ses yeux, elle était américaine, et ce même si elle n'était pas née sur le sol américain. Contrairement à son frère et ses sœurs, son norvégien était élémentaire, et lorsque sa mère, ou son père, lui parlait dans sa langue maternelle, elle répondait tout naturellement en anglais, ce qui avait le dont d'agacer ses parents. Ils regrettaient un peu de voir que, malgré leurs efforts ils ne parvenaient pas à transmettre cet héritage culturel à leur fille. Pire encore cette dernière se passionnait très vite pour la politique américaine. Elle intégra le club de débat dans son lycée, ainsi que celui du journal de l'établissement où elle prenait soin de rédiger une section entièrement dédiée à la politique, que ce soit celle du pays, de l'état du Massachusetts ou simplement pour parler des dernières décisions du maire de Boston. Tout naturellement elle brillait en cours d'histoire, ce qui pouvait enfin rendre sa mère fière. Et c'est grâce à ses notes brillantes dans cette matière, et son implication dans ces deux clubs, qu'elle fut acceptée à Harvard, suivant ainsi les traces de sa sœur Alaska qui, il fallait bien l'admettre avait mis la barre très haute en étant la première de la famille à intégré une telle université.

Durant sa première année de fac, Nokia perdit rapidement pied. Elle qui c'était imaginée, en voyant sa sœur, que ce serait facile, c'était bien trompée. Alaska avait toujours eu des facilités, tout ce qu'elle lisait, tout ce qu'elle entendait, elle le retenait. Malheureusement pour Nokia, elle n'avait pas ce précieux dont. Elle ne brillait que d'en très peu de matière, séchait les autres pour organiser des soirées avec une bande d'ami et était trop tentée par tout ce que le campus lui offrait pour rester enfermée dans sa chambre étudiante et réviser. Forcément, sa première année fut un échec scolairement parlant, mais socialement parlant, ça avait été une réussite. La jeune femme c'était fait un véritable petit réseau, et lorsqu’elle dût inévitablement refaire sa première année, elle pu compter sur d'anciens camarades de classe pour lui passer les cours. Ainsi elle réussi sans trop de difficulté ses trois premières années, apprenant que, contrairement à Alaska, elle ne pouvait pas lié étude et vie étudiante seule ; non, elle avait décidément besoin des autres pour exister tout comme pour réussir.