Treize ans, c'est la période de l'enfance où la crise naît. C'est à ce moment-là où l'on se pense qu'on est invincible, intouchable. On risque le plus gros dangers, cherche tout ce qui peut provoquer un brin d'adrénaline sans que ses parents ne soient pas au courant. Joana n'est pas épargnée, elle, elle rêve d'indépendance, d'amour et de vie de princesse. Tout comme toutes les petites filles rêveuses, la meilleure amie de Joana nourrit avec elle un désir sans limite pour l'amour. Elles sont constamment ensemble de l'entrée de l'école jusqu'à leur sortis, le hasard fait que chaque année, elles se retrouvent toujours dans la même classe. C'est que du bonheur pour elles, car elles font les mêmes bêtises, les mêmes devoirs, l'entraide est omniprésente.

Tout bascule lorsqu'au retour des vacances d'hiver, la jeune Joana apprend que Maria a eu un grave accident de voiture et qu'elle a succombé à ses blessures graves. Elle a quitté l'école morose, prête à exploser. C'est simplement en arrivant devant chez elle qu'elle rencontre les policiers. Un son vide dans son crâne l'empêche d'entendre ce qu'on lui dit, ce qu'il se dit. Elle s'approche de la maison doucement, sa petite taille la fait passer sans qu'on ne la remarque jusqu'à ce qu'un des papas de Maria la remarque. En grandes enjambées, il la prend dans ses bras et la serre aussi fort que possible : « Oh mon dieu, Maria ! Tu es là ! Je le savais, je le savais que tu n'étais pas morte.. Je le savais.. » Il est en larme et elle ne dit rien jusqu'à ce que le compagnon de Jerry vienne le reprendre : « Jerry, viens.. Ce n'est pas Maria, c'est Joana.. Tu traumatises cette petite.. Rentre à la maison... » Pendant que Jerry rentre en larme chez lui, Marc s'agenouille devant Joana : « Je suis désolée, Jo. Tu as été la meilleure amie de Maria depuis notre arrivée, je te remercie énormément d'avoir été juste envers ma fille. Elle t'aimait énormément ! »

Toujours en silence, elle rebrousse chemin pour rentrer chez elle. Lentement, elle passe devant ses parents qui l'attendaient, devant ses soeurs et claque la porte de sa chambre. Elle retire ses chaussures, renifle. Elle ne sourit plus lorsqu'elle voit le plan du monde entier accroché juste au-dessus de son lit, des épingles notent des différentes destinations qu'elles voulaient parcourir ensemble. Son coeur lui fait mal, elle veut voir Maria, elle veut la serrer dans ses bras et faire comme le papa de Maria : penser un petit instant que sa meilleure amie est toujours là. Elle grimpe dans son lit et s'allonge. Le lendemain matin, sa maman vient la voir : « Ma puce, vient prendre ta douche... » Elle la tire par le bras, hors des couvertures et Joana se laisse traîner jusqu'à la douche. Toujours aussi silencieuse, elle se laisse savonner et laver les cheveux mais, sa maman voit une larme coulé sur sa joue mais, ne dit rien.

Quelques minutes plus tard, elle la coiffe. Joana a une sacré longueur et le silence respectueux que sa mère lui accorde, fait qu'elle craque : « Maman, C'est vrai que je ne reverrai jamais plus Maria ? » La voix de Maria est aiguë parce que sa gorge se serre. Inutile d'ignorer toute l'émotion qu'une petite fille peut ressentir. Le temps de réponse est long car, Mme Hennelly n'a pas vraiment les mots, juste une formation de maman à plein temps : « Maria est partie au ciel, elle sera toujours auprès de toi mais, tu ne pourras plus la voir. » Les larmes coulent maintenant : « Maman, pourquoi ? Pourquoi Maria ? On devait faire le tour du monde toutes les deux. »

- Personne ne peut savoir pourquoi les gens, qu'on aime, peuvent disparaître. La vie ne prévient jamais.

Deux jours plus tard, ce sont les funérailles et si sa mère ne souhaitait pas infliger cela à sa fille, une psychiatre de l'école lui a intimé que Joana a besoin de lui dire au revoir correctement. Malheureusement, devant le corps inerte de sa meilleure amie, la brunette éclate en sanglot en plongeant dans une crise de nerf violente. Seule sa grande-soeur, Alice a pu la sortir de l'église toute la durée de la cérémonie.


Retenir une date d'anniversaire, c'est joyeux, festifs. Se rappeler de la date d'une première rencontre, c'est le coeur qui bondit mais, retenir la date d'une disparition, c'est la boule dans la gorge qui se forme. Le 4 Janvier sonne comme un glas lugubre et aussi triste que cela puisse être, Joana fait revivre son amie en allumant une bougie juste en dessous d'une photo où elle se voit avec Maria, bras dessus bras dessous, hilare et heureuse.

Elle a seize ans, elle sourit et s'amuse, peut-être un peu trop même. Elle sort avec son petit groupe d'amie, elle rêve d'aventure, d'amour.. Impossible de nommer le nombre de petits amis qu'elle enchaîne, ça peut durer un mois, six mois ou un an grand max. Jusque là, ça plus grande relation s'est terminé cet été. Au début, c'est joli, romanesque et magique. L'amour déborde, c'en devient presque dégoûtant de les voir se dévorer les lèvres durant leur temps libre mais, Joana choisi intelligemment sa sélection. Elle ne prend rien au hasard : Un membre d'un groupe de rock amateur au lycée, un quater-back ou encore l'intello de la classe. Cela peut sembler légèrement superficiel mais, bien au contraire.

Totalement éprise par cette histoire, elle en oublie même la présence d'Anaïs, sa nouvelle meilleure amie.

-Allô la Lune, ici la Terre, il y a quelqu'un, à vous ?

Sa nouvelle amie pose une main sur son épaule, la ramenant sur terre : «Hum-, 5/5, à vous !» La brunette répond d'une voix complètement ailleurs, elle ne sait même plus de quoi parlait sa nouvelle meilleure amie. Habituée à ce que Joana soit dans la lune, elle s'exaspère quand même : « Oh non, j'ai encore parlé à un mur...! Je te disais... »

Quelques heures plus tard, c'est un peu comme si rien ne s'est passé puisqu'elles parlent du voyage en France prévue par le biais de l'école. C'est une aubaine qu'elles ne veulent pas louper et surtout pas gâcher. Elles ont d'ailleurs déjà leur liste d'affaire à ne pas oublier.


Elle n'a pas son bac, elle s'en fiche car, elle n'a vraiment rien foutu pour l'avoir. Elle le sait alors ses notes médiocres ne la surprennent pas du tout. :« Mais qu'est-ce qu'on va faire de toi...» s'épuise son père, en voyant sa fille gâcher son avenir : « Papa, ce n'est pas parce que je ne vais pas à l'université que je ne vais rien faire de ma vie...» Il la coupe : « Comme quoi ? Balayeuse de rue ? » Elle hausse les épaules : « Il n'y a pas de sous métier papa, si il n'y avait pas de balayeur, nos rues seraient dégueulasses !» Exaspéré, son père l'abandonne sur ces mots en murmurant qu'elle a toujours réponse à tout : « C'est vrai que tu es plus vieille que ton grand-père. » Il s'inquiète évidemment, il ne sait plus comment parler à sa fille mais, Joana s'en moque. Elle s'en fiche de ce qu'elle va faire, elle économise déjà pour quitter le domicile de ses parents : « De toute façon, ça m'soule l'école ! J'arrête ! »

Elle quitte la maison familiale pour aller rejoindre sa nouvelle colocataire peu de temps après.

Les mois passent, l'argent s'accumule mais, personne ne sait pas d'où il vient exactement. C'est un grand mystère et c'est ce que Joana aime par-dessus tout, être sur toutes les lèvres.

Assise sur le divan, Cassy et Joana se retrouvent dans un café, autour d'un bon chocolat chaud de saison. «Franchement, Jo. Qu'est-ce que tu fais pour gagner ta vie ? Tu sais, tu n'as que 18 ans, tu peux encore reprendre tes études..» La cadette regarde son aînée : « Oh non, tu ne vas pas t'y mettre.» Elle voit sa soeur et si elles sont très liées, elle tient énormément à Alice : « Jo, franchement, tu adorais l'école... Papa et maman s'inquiètent beaucoup pour toi.. Tu crois que ça les amuse de passer leur temps à te sermonner...» Jo se braque en croisant les bras, s'écartant de sa soeur jusqu'à coller son dos dans le fond du canapé, confortable : « Je ne supporte plus l'école... Je.. J'ai vécu l'enfer là-bas.. Je ne veux plus en entendre parler ok?» Elle espère vivement que sa soeur comprenne et la laisse tranquille à ce sujet.


Jax a débarqué dans sa vie alors qu'elle n'avait que 20 ans. Joana voit en Jax ce dont elle a besoin, du meilleur au pire de son caractère. Jax. Jax. Jax. Son coeur bat et, c'est difficile de penser une chose pareille de son frère. Même si, ce n'est pas vraiment son frère de sang. L'amour qu'elle lui porte va bien au-delà de ce qu'elle connait de l'amour fraternelle. Elle éprouve bien plus que cela, une attirance qu'elle sait malsaine et inavouable, interdite. Si elle s'est toujours bien entendu avec lui, elle se retrouve démunie et complètement perdue lorsqu'ils se retrouvent dans la même pièce.

Il est difficile de tromper l'amour, elle reconnaît ce sentiment. Si elle ne se pose jamais avec un garçon, elle sait qu'il ne se passera rien entre eux d'eux-même si elle en a terriblement envie. Elle comprend maintenant que son coeur lui joue des tours et que ses choix ne sont pas vraiment les meilleurs.

Toujours scellé dans son secret, Joana vient de moins en moins à la maison. Ses sentiments pour Jax ne font que grandir et cela l'effraie alors elle essaie de l'oublier dans les bras d'autres garçons. Elle se pointe uniquement pour les anniversaires, les petites fêtes que l'on fête normalement en famille et encore, c'est peu de chose puisqu'elle en souffre. Heureusement, elle a ce lien indéfectible avec ses soeurs, elle s'empêche jamais d'aller leur rendre visite, de les appeler lorsque son moral est au plus bas ou tout simplement pour les voir. Elle les aime trop pour cela et c'est peut-être les seules qui évitent de lui parler de son avenir car, c'est uniquement pour cela qu'elle évite ses parents.

-Je vais bien, foutez-moi la paix.

Joana répète ça toute la journée. C'est important de se le dire aussi, pour y croire. Même si son entourage la taquine encore sur son avenir, on la laisse tranquille. A 21 ans, elle vit très bien sa vie, elle occupe un bel appartement. La nuit elle bosse, la journée elle fait du shopping, s'amuse et rejoint ses amies durant ses jours de repos. Peu de personne sait qu'elle est danseuse nue. Elle s'en amuse maintenant et préfère tourner au sarcasme pour pouvoir profiter des gens qu'elle aime.

Seulement, la présence de Jax lui ait toujours aussi pénible.

Active, elle fait du sport, entretient toujours son image et montre que son indépendance lui fait un bien fou.

- Je suis heureuse, ça ne se voit donc pas ? s'offusque-t-elle à table durant le grand repas de Thanksgiving.