Après ta discussion avec Beverly au Starbucks, tu te sens un peu plus léger. Tu doutes qu'elle te pardonne de sitôt, après tout, t'as agis en connard avec elle. Par contre, le simple fait de t'excuser t'a enlevé un poids énorme sur tes épaules. T'as terminé ton café dans l'autobus, direction les appartements Amy Lowell pour changer de chandail, Beverly ayant renversé son café sur ce dernier, avant de rejoindre Alice à Belmont. Tu dois admettre que t'es nerveux, ne sachant pas ce qu'elle te veut. Si elle a précisé vouloir discuter, en revanche, tu doutes avoir grand-chose à lui dire de ton côté. Surtout que t'ignorais jusqu'à aujourd'hui qu'elle habite désormais chez sa soeur. Aux dernières nouvelles, elle était toujours chez ses parents. M'ouais, comme quoi, ça fait un moment que vous n'avez pas simplement parlé sans vous prendre la tête. Disons que votre relation se détériore un peu plus chaque fois que vous vous croisez. Du coup, t'aurais préféré en rester-là, mais tu n'as jamais pu dire non à Alice. Encore une fois, t'as l'impression qu'elle te tient par les couilles -sans mauvais jeu de mot- et, ce, peu importe ce qui peut se passer entre vous. Par contre, aujourd'hui, tu connais les raisons qui t'obligent à revenir toujours vers elle: t'en es amoureux fou. Et c'est bien ça le problème! T'enfiles un chandail propre avant de t'extirper à l'extérieur de ton appartement et te diriges vers l'adresse qu'Alice t'a indiqué. Lorsque t'arrives devant la-dite porte, tu prends une grande respiration avant de toquer, patientant qu'on t'ouvre.

Tu fais les cents pas dans ton appart, ça tue le temps. La panne était toujours d'actualité alors regarder la télé, écouter de la musique, tuer des Reaper sur Overwatch étaient toutes des options que je ne pouvais considérer. Qu'est-ce que tes ancêtres faisaient, sans internet, sans électricités ? Putain... ils baisaient, ça doit être qu'à cause de ça que tu es là, aujourd'hui. Le problème c'est que tu n'en avais plus envie... Une grossesse surprise et aussi fausse, avait étrangement réussi à te couper de toute envie sexuelle or whatsoever. Pourtant, c'était une fausse alerte, un test défectueux, juste rien, finalement... Aucun enfant n'a jamais vécu dans ton utérus. Pourquoi tu te sens triste ? Pourquoi tu te sens tout le temps triste ? Est-ce que c'est parce que tu n'avais pas réellement envie d'avorter ? Non... Ça ne peut pas être ça. C'est probablement parce que le regard d'Oliver lorsqu'il a apprit la nouvelle, t'as brisé le cœur. Probablement que c'est parce que tu réalises avec tout ça, que tout ce que tu ressentais n'était pas que les hormones. C'était toi. C'était dans ta tête, c'était dans ton cœur, c'était vrai. Tellement vrai. Tu cesses tes pas pour aller t'asseoir. Sauf que tes jambes tremblent, tant que t'es nerveuse. Tu te dis que tu n'aurais pas dû t'asseoir et tu te relèves d'un bond. Mais quelqu'un cogne à ta porte et tu sens ton cœur louper d'un battement. C'est lui, tu le sais, ça n'a pas le choix. T'avances vers la porte et lui ouvre. Il se tient face à toi, de la même façon que tu te tiens devant lui : tous les deux détruit et dépassés par les évènements. T'aurais dû t'expliquer plus tôt, peut-être que t'aurais pu éviter tout ça avec la vérité. Peut-être que la 'nouvelle' Alice est la raison pour laquelle tu as perdu ton meilleur ami.

Debout, devant la porte du nouvel appartement d'Alice, tu soupires, cherchant ta respiration. Tu ne te rappelles pas avoir été aussi nerveux... Ah, si. Lorsque vous avez fait l'amour, tiens! À ce souvenir, tu fronces les sourcils avant de trouver le courage de toquer à sa porte. Elle t'ouvre et tu restes muet. Le simple fait de la revoir fait revenir cette foutue boule dans ta gorge. C'est qu'elle est souvent là, dernièrement, cette connasse -la boule, hein, pas Alice. Tu te racles la gorge en grattant nerveusement ta nuque. « Salut. » Tu parviens à souffler, voyant qu'elle non plus n'arrive pas à ouvrir la bouche. Comment vous avez l'air cons, là et, pourtant, tu ne voudrais pas être ailleurs qu'ici, face à elle, malgré la douleur qui te tenaille. Tu préfères souffrir à ses côtés que de ne plus jamais la revoir et tu viens tout juste de t'en rendre compte, là, maintenant. Toi qui a tenté de l'éviter, repoussant ses SMS comme une merde. Les sentiments que tu refoules pour elle t'affentent au point de devenir une autre personne. Une personne que tu détestes, ayant brisé le coeur d'une pauvre fille qui ne méritait pas ça. « Désolé si c'était long... » Tu murmures avant de mordre sauvagement ta lèvre inférieure, comme si, inconsciemment, tu tentes de te réveiller. Parce que, clairement, tu rêves-là, si? Et non. Elle est bien réelle, en chair et en os et tu te fais violence pour ne pas la prendre dans tes bras. T'aimerais vraiment revenir en arrière, réécrire l'histoire, la vôtre... Tu saurais exactement quoi dire et à quel moment le faire. Là, t'as l'impression d'avoir les pieds dans le vide. Vous êtes qui l'un pour l'autre, désormais? Tu ne sais même plus si t'as encore le droit de la regarder dans les yeux et, de toute manière, ça te fait trop mal de le faire.

Comment les choses avaient pu se détériorer de la sorte ? Est-ce que coucher avec lui était une si mauvaise idée ? Pourquoi est-ce que, malgré tout, tu n'arrivais pas à t'en sentir coupable... tu n'arrivais pas à le regretter. Comme si coucher avec ton meilleur ami t'avais fait évolué pour le mieux, comme si l'impact était tellement énorme que tu ne voulait pas faire retour arrière. Pourtant... tu as perdu la personne qui comptait le plus à tes yeux, tu l'as perdu aux bras d'une blonde qui ne ressemble en rien à qui tu es. Une fille qui, sincèrement, même toi trouvait absolument adorable et incroyablement jolie. Comment est-ce que tu as pu laisser votre amitié se rendre jusque là, sans agir ? Salut. Un simple mot te réveille et te ramène sur terre. Tu te retrouves sans souffle, incapable de prononcer un seul mot. Et puis soudainement, sans savoir comment tu as pu réussir, tu l'imites : Salut. Tu te bats contre tes émotions pour ne pas flancher, tu espères ne pas te mettre à pleurer. Tu espères souvent ça, dernièrement. Apparemment tout ce qui existe, fort ou pas, a une faiblesse et la tienne c'est Oliver. Tu ne peux pas être parfaite - Dieu sait que la perfection est un mythe et que c'est plus facile pour toi de faire tout l'inverse. Parce que here's a thing : plaire à tout le monde est impossible, alors que l'inverse est chose facile. Désolé si c'était long... Il te réveille de nouveau de tes pensées et tu lui réponds : C'était rapide. Pas qu'il était d'avance ou quoi, c'est juste pour le rassurer. Tu te tasses sur le côté pour le laisser rentrer... Par où commencer ? Tes colocataires n'étaient pas là, vous aviez donc l'appartement pour vous deux. Enfin rentré, tu refermes la porte derrière lui avant de lui proposer : Je ne sais pas comment faire de café sans électricité... Mais j'peux te proposer de l'eau, ou une bière, si tu en veux. Tu déglutis, puis te dirige vers la cuisine.

Salut. Au son de sa voix, tu te fais violence pour ne pas éclater en sanglot. Serais-tu fragile à ce point, Oliver? Tu réprimes ton envie de chialer en t'excusant de ton retard. Faut avouer que tu ne t'attendais pas à discuter avec Beverly et disons que ça t'a quelque peu ralentit. C'était rapide. Ah bon? Elle dit probablement ça pour te rassurer. En temps normal, elle t'aurait fait la réflexion directement après avoir ouvert la porte, sans bonjour, ni rien. Parce que c'est Alice. T'hausses les sourcils, étonné par sa réponse, mais tu ne passes aucun commentaire, te contentant d'entrer à l'intérieur lorsqu'elle se tasse sur le côté pour te laisser passer. Tu balaies la pièce d'un battement de cils avant de tourner les talons vers Alice lorsqu'elle s'adresse à toi. Je ne sais pas comment faire de café sans électricité... Mais j'peux te proposer de l'eau, ou une bière, si tu en veux. Indeed. Heureusement que t'en as bu un avant de te rendre chez elle, du coup, tu peux encore t'en passer pour quelques heures. Elle s'éloigne dans la cuisine alors que tu restes planté-là, au beau milieu de la pièce, comme un con. Tu n'as jamais apprécié l'alcool. En fait, tu ne la tolères tout simplement pas, mais, ces derniers temps, tu t'es habitué au goût et à l'effet de la bière. À force de fréquenter Beverly, t'a développé de l'affection envers le malt. « Une bière, ouais. Merci. » Tu lui indiques avant de te laisser tomber contre le canapé, patientant sagement que la brune revienne. T'aurais peut-être dû aller l'aider? Genre, prendre ta bière par toi-même... Si ta mère te voyait aller, Oliver Hayes, t'en payerais les frais!

Une fois dans la cuisine, tu regardes les comptoirs et le réfrigérateur. La vérité, c'est que tu n'habites pas là depuis très longtemps et que tu cherches encore lorsque tu as besoin d’ustensiles et de verres. Tu ne sais pas quoi lui proposer, alors de l'eau ou une bière semi-froide était la meilleure réponse que tu avais. Une bière, ouais. Merci. te répond-t-il. D'ailleurs, ça t'étonne, parce que tu lui a toujours proposé de l'alcool par politesse mais il a toujours pris d'autres options. Apparemment, lui aussi avait un peu changé depuis ces derniers mois. Tu ouvres donc le réfrigérateur -qui commençait sérieusement à sentir étrange, à ton avis- pour prendre deux bières et tu lui apportes au salon. Il est déjà affalé sur le canapé alors tu le rejoins, t'asseyant près de lui. Que les festivités commencent : Tu le regardes, débouchant la capsule de ta bouteille. Les bières, tu les a toujours préférée froide, mais température pièce ça ne t'a jamais dégoûté de toute manière. Tu prends une gorgée, tout en l'observant.

À ce moment-là, tu te fais une réflexion. Celle où, enfin, tu réalises à le voir autrement qu'ton meilleur ami. Comme si finalement, tu comprends pourquoi tu ne regrettes rien... Tu comprends, qu'il fallait passer à travers tout ça pour le voir comme un homme. Et par un homme, tu n'entends pas "n'importe quel", homme. Les autres, tu les voient plutôt comme des objets, comme étant inutiles à ta survie... Alors qu'Oliver, il l'a toujours été. Tu ne te rappelles d'ailleurs pas d'avoir vécu une vie sans lui. Il a toujours, toujours été dans ta vie. Tu le regardes, ou plutôt, tu l'analyses... Il ne porte plus ses lunettes, il semble avoir un visage plus adulte... Une barbe ? C'est nouveau, ça aussi. Sans crier garde, ton cœur bat plus fort et tu inspires profondément en essayant de le calmer. Il y a quelque chose que je ne t'ai pas dit, Oliver... À propos de cette grossesse, de cette situation entre nous... Tu déposes ta bière sur la table à café du salon, tu évites son regard parce que t'as honte. Jax te détestera pour ce que tu allais lui dire... ou peut-être comprendra-t-il qu'il fallait que tu lui dises la vérité.

T'as gardé ton manteau, au cas où. Au cas où elle change d'avis et te foute à la porte. Au cas où tu n'arrives plus à la regarder dans les yeux et que tu ressentes le besoin de partir subitement. Juste au cas. De toute manière, s'il y a bien une manie que t'as conservé, c'est bien celle de te vêtir trop pour rien. Même si tu ne portes plus tes lunettes et qu'une barbe a poussé sur ton visage, t'es toujours aussi pudique. Va savoir pourquoi! Tu te contentes de t'installer sur le canapé, te demandant si tu ferais mieux d'aller l'aider ou non, sachant que ta mère serait déçue par ta non-galanterie. Tu soupires une énième fois en te calant davantage contre le dossier du fauteuil alors qu'Alice revient avec deux bières. Tièdes. Alright. Avec la panne, tu peux comprendre et, de toute manière, tu les trouves meilleures température pièce; elles ont plus de goûts. La brune prend place à côté de toi et tu déglutis, nerveux de la sentir aussi proche. Tu l'imites en décapsulant la bière qu'elle t'a offerte avant d'en prendre une généreuse gorgée. Ah, ouais, ça fait du bien. Il y a quelque chose que je ne t'ai pas dit, Oliver... Quelque chose ou plusieurs choses, plutôt? Vu la distance que vous avez instauré entre vous, tu doutes qu'elle a uniquement un truc qui la chicotte. Néanmoins, t'avales ta gorgée de travers, appréhendant le pire. T'ignores pour quelle raison, tu t'attends à une mauvaise nouvelle. Très mauvaise. Tu lui avais pourtant spécifié ne plus être capable d'encaisser un quelconque choc émotionnel. T'es littéralement au bout de ta life. T'arques un sourcil en baissant les yeux vers la bouteille que tu tiens entre tes mains avant de te racler la gorge à nouveau, essayant de faire partir cette putain de boule. « Vas-y, j't'écoute. » Tu souffles en fermant les yeux. T'as l'impression que le coup de la nouvelle sera moins importante si tu ne la vois pas. Comme quand tu jouais à la cachette quand t'étais gosse et que t'étais persuadé que, si tu fermais les paupières, personne te voyait. Tss, n'importe quoi. T'as bien fait de garder ton manteau, tien.