Les SMS d'Alice t'ont déboussolé. Tu ne t'attendais pas à ce qu'elle tente de te rejoindre, surtout pas après ce qui s'est passé à la buanderie le soir de la panne. Du coup, t'as quitté ton cours pour te rendre au Starbucks sur le campus. T'as besoin d'un café bien noir pour te changer les idées et tu dois admettre que tu n'avais plus trop le coeur d'écouter ce que l'enseignant disait à l'avant de la salle. T'avais surtout l'impression de le déranger plus qu'autre chose en tapotant sur l'écran de ton portable. Tu t'es donc excusé silencieusement d'un bref signe de tête avant de prendre ton sac et de t'éclipser à l'extérieur. T'arrives devant la file, attendant sagement ton tour alors que ton regard est rivé sur ton portable. Inconsciemment, t'espères recevoir un nouveau SMS de ton ancienne meilleure amie, mais... t'es encore trop fâché pour t'en rendre compte. Le nez fourré dans l'écran, la personne en avant de toi dans la file se retourne brusquement et te fonce littéralement dessus, reversant son café brûlant sur toi. La bouche entrouverte, t'écartes les bras avant de lever les yeux vers une blonde. Une blonde que tu connais très bien, d'ailleurs. « Beverly? » Tu souffles presque inaudible. Honnêtement, tu n'as pas cherché à la contacter pour t'excuser pour la simple et bonne raison que tu souhaitais faire profil bas, sortir de sa vie et ne peux jamais revenir, mais... t'avais oublié que vous fréquentez la même Université et, du coup, le même putain de Starbucks.

Tu avais zappée ton cours ce matin, en restant dans ton lit. De toute façon, la rentrée prochaine, tu sera ENFIN en journalisme. Une petite pensée vers Oliver, qui t'as tout de même convaincu. Tu chasse cette pensée, attendant ton café. Une fois ton café entre les mains, tu fais demi tour pour rejoindre une place dans le café. Le client derrière devait croire que tu passais au travers des gens puisqu'il était très près de toi. Tellement qu'en faisant demi tour, tu entra direct dans le client, renversant du même coup, ton café brûlant sur celui-ci. Pard... Tu t'arrête en entendant Beverly? Tu regarde le client, aka Oliver, la bouche ouverte. Tu ne t'excusera finalement pas, de l'avoir brûlée. Non au lieu de ça, toi qui n'avais jamais été salope avec lui, tu dis sèchement C'est bien, au moins tu n'm'as pas appelée Alice! Tu le contourna et rajouta Malheureusement faut aimer le café aux mêmes heures. et tu alla t'asseoir à une table. Le regardant commander, légèrement déstabilisé. Tu avais eu une envie folle de faire comme si tu ne le connaissais pas. En mode "On s'connait?" mais, comme chaque fois devant Oliver, tu perds tes moyens. Et plus là que jamais, vous étiez bien partit pour vous rendre à couple officiel, mais la vie à décidée autrement. Malgré toute l'affection que tu lui porte toujours, malheureusement, tu voulais le snober. L'envoyer balader et te venger, mais tu savais au fond de toi, qu'il n'était pas un asshole. Lorsqu'il reçu son café, tu détourna le regard, pour le braqué dehors. Tu ne voulais tout de même pas qu'il voit que tu le regardais. Ma pauvre, vas-tu être capable de mettre ton masque de garce, ENFIN, devant lui?

Pard... Tu lèves les yeux au son de sa voix et tu remarques qu'il s'agit de Beverly, ton ex fréquentation et tu déglutis avant de murmurer son nom. C'est bien, au moins tu n'm'as pas appelée Alice! Outch? Right in the feels. Après, tu le mérites. Elle te contourne comme si rien n'était et tu te contentes d'hausser les sourcils, tout de même surpris qu'elle se tape de t'avoir brûlé au troisième degré... bon, OK, t'exagères un brin, là. Malheureusement faut aimer le café aux mêmes heures. Duh? Tu comprends maintenant pour quelle raison elle se disait bitch lors de votre première vraie discussion, hein! T'empoignes quelques serviettes de table qui traînent sur le comptoir avant de passer commande et de retirer le surplus de café qui dégouline sur ton chandail. Ton portable vibre dans ta main et tu t'empresses de l'ouvrir avant de répondre à Alice. Tu fourres ce dernier dans la poche de ton jean, remercies l'employé du Starbucks pour le café et tournes les talons pour te diriger vers la sortie. Tu t'arrêtes lorsque tu croises Beverly, installée à l'une des tables, le regard rivé contre la fenêtre. Tu soupires avant de te pincer les lèvres et d'avancer vers elle. Lorsque tu parviens à sa hauteur, tu restes debout, ne voulant pas t'imposer au point de t'asseoir devant elle. Tu n'es pas suicidaire à ce point. Tu te contentes simplement de pencher la tête sur le côté, légèrement mal à l'aise avant de prendre la parole. « J'suis désolé, Beverly. Sincèrement... J'aurais vraiment aimé qu'les choses se passent différamment... » Tu lui indiques doucement. Après tout, t'as vécu de beaux moments avec elle et, même si votre histoire s'est terminée tragiquement, par ta faute, tu n'as jamais voulu la faire souffrir. En tout cas, pas volontairement.

Ton regard braqué dehors, Oliver s'arrête devant toi, penche légèrement la tête...Il fait exprès ou quoi? Damnit, comment tu veux l'envoyer promener, hein? J'suis désolé, Beverly. Sincèrement... J'aurais vraiment aimé qu'les choses se passent différamment... Et toi donc. Ce gars est le premier à te faire voir autre chose que...le sexe quoi. S'aurait dû se passer autrement, être simple ami...ou un coup d'un soir. Mais non, il avait fallu que tu découvre ce qu'était les sentiments avec quelqu'un dont le coeur appartenait à une autre. Tu le regarda avant de pencher la tête, regardant tes doigts. Putain d'boule dans la gorge, dégage. Tu ne vas tout de même pas te mettre à chialer, là devant lui. Tu avale difficilement, que vas-tu faire, ma pauvre? M'ouais...moi aussi. Tu ne pouvais pas dire plus, tu soupira pour ravaler ta peine avant de lui faire signe de s'asseoir, s'il le voulait. Ça t'était un peu égal, en fait, le voir te faisais bien plus mal que tu n'avais imaginée. Cette chaleur habituelle entre vous deux, avait laissée place à une froideur hivernal. Tu pris une inspiration profonde Ça va, t'en fais pas, j'suis une grande fille t'sais... Tu racla ta gorge et poursuivit difficilement J't'en veux pas, tu peux dormir tranquille. Tu avais levée les yeux vers lui, pour terminer ta phrase. C'est à toi que tu en voulais, d'avoir cru, que tu étais assez bonne pour un gars comme lui. C'était lui qui était inaccessible en ce moment, dire qu'il t'avait fait croire que c'était toi qui l'était.

Tu trouves le courage de retourner à la charge, te postant à sa table pour t'excuser. Parce que t'es sincère, tu ne voulais pas lui faire de la peine, ni la faire souffrir. Enfin, tu ne t'en rendais pas compte et, quand tu l'as réalisé, il était trop tard. Le mal était fait. Vos regards s'accrochent une seconde avant qu'elle baisse les yeux vers ses doigts. M'ouais...moi aussi. Elle dit tout bas avant de soupirer et de t'inviter à t'asseoir. T'es un peu pressé, disons que t'as hâte de savoir ce qu'Alice te veut, mais tu prends tout de même le temps de t'installer devant la blonde. Tu lui dois bien ça, après tout. Ça va, t'en fais pas, j'suis une grande fille t'sais... J't'en veux pas, tu peux dormir tranquille. T'es un peu soulagé, mais tu sais parfaitement bien que ça ne suffit pas à apaiser sa peine. D'ailleurs, tu doutes qu'il soit légèrement trop tôt pour en discuter ensemble, mais, au moins, t'as pu lui présenter tes plus plates excuses. Peut-être qu'un jour vous deviendrez amis, qui sait? Avec le temps... « J'veux juste qu'tu saches que... c'était pas toi l'problème dans l'équation. » Tu t'arrêtes net lorsque tu réalises que ça sonne un peu trop comme la phrase typique "ce n'est pas toi, c'est moi" et tu soupires en secouant la tête. « Enfin, bref... » Tu termines, tes yeux rivés vers tes doigts qui s'amusent à palper le gobelet de ton café. C'est drôle à quel point vous aviez tout un tas de trucs à vous dire et que, là, tu ne trouves plus rien d'autre à ajouter...

Tu lui dis que t'es une grande fille, que tu ne lui en veut pas, les yeux rivés sur tes mains. J'veux juste qu'tu saches que... c'était pas toi l'problème dans l'équation. Ah. C'est pas toi, c'est moi ?Cliché. Enfin, bref... Ouais, vous n'avez visiblement plus rien à vous dire. Les bons moments sont derrière vous, les rires et les confidences aussi. Votre complicité c'est envolée, il nous reste plus que de la tristesse et de l'amertume pour toi. Et un "bref"...pour lui. Tu te lève, le regarde une dernière fois, lui pose la main sur son épaule et soupire On s'ra p't'être amis un jour...Prend soin d'toi et d'elle. Tu lui souris et sortis du café. Tu leva la tête, racla ta gorge et plaçant Oliver, dans un coin de ta tête, fermé à clé.