J’avais besoin de sortir, de rencontrer de nouvelles personnes et surtout, de penser à autre chose. Je ne pensais pas qu’un jour cela m’arriverait mais je commençais vraiment à devenir dingue. Encore plus dingue que d’habitude, ce qui faisait que je ne connaissais pas encore mes véritables limites. Après la nuit blanche la veille, je n’étais pas du tout fatiguée et il n’était pas question que je tournais en rond dans l’appartement pour emmerder les filles. Il fallait que je sorte, que je me défoule. Habillée, pomponnée et prête à aller faire la java toute la nuit, je n’avais pas mis trop longtemps avant de retrouver mon endroit préférée et de m’y faire mes premières armes. Pour me mettre directement dans l’ambiance et rattraper l’humeur euphorique de tout le monde déjà présent, je pris trois shots. Le plus rageant était de devoir montrer ma carte d’identité à chaque fois que je venais. Je faisais tellement plus jeune que mon âge, ce qui me rendait parfois vulnérable. Evidemment, je ne pouvais pas faire autrement que de la sortir et d’en prendre trois autres derrière, rien que pour emmerder le barman. Je les enchaînais, je n’avais pas peur d’être enivrée, il n’y avait qu’à partir de ce moment là que j’avais le droit d’être un petit peu tranquille avec moi-même.

D’un regard provocateur, je pris mon dernier shot en scrutant quelques mecs qui me plaisaient au premier regard. J’étais célibataire, mon ex avait refait surface dans ma petite vie et je n’avais pas encore réglé le problème « Jax » Je ne savais pas si c’était possible de ressentir autre chose que de l’amour fraternelle auprès de lui, ce qui me rendait parfois hors de moi, au point de me détester. Je me contentais de les inviter à venir danser, ce qu’ils n’avaient pas hésité à faire évidemment. La nuit devenait de plus en plus flous, je sentais des mains m’entourer, m’attirer. J’avais l’impression d’être un morceau de viande qu’on voulait s’arracher. Alors si c’était offusquant, je n’en avais que faire, j’avais l’impression que je pouvais plaire… C’était une sensation que je ne retrouverai pas le lendemain matin, mais j’étais sûre d’une chose, cela n’enlèverait pas le bordel qui se trouvait dans ma tête. Prise en sandwich entre deux hommes, je me laissais porter mollement entre la musique et les déhanchements synchronisées des deux hommes. D’un mouvement inconscient, je relevais la tête en prenant une profonde respiration et.. elle se coupa aussitôt. Jax venait d’entrer dans mon champs de vision. J’étais entre l’excitation et l’agacement pour le voir entrer dans ce moment où je voulais tout sauf penser à lui, inexorablement. Pour le coups, je m’étais admirablement bien plantée. Le plus compliquée était de me demander ce qui allait bien pouvoir se passer. Alors je lui fis signe, laissant ma tête lourde reposer sur le torse de l’homme qui était derrière moi. Je me sentais complètement molle, lourde.. Cela faisait du bien..

J'entendais la musique mais un bruit strident dans mes oreilles m'empêchaient réellement de tout comprendre. Durant un bref instant, j'avais aperçu la dernière personne que je voulais voir ce soir, Jax. Peut-être par politesse je m'étais donnée une dernière épreuve en lui jetant un coup d'oeil, un salut, quelque chose d'assez bref parce que je n'en avais vraiment pas la force. J'avais détourné la tête, je voulais m'oublier et peut-être me donner assez d'importance ou en tout cas me convaincre, que j'en avais pour ces deux pauvres mecs. Les deux mecs m'encerclaient et si au début j'avais essayé de les repousser, à ce moment précis, je n'avais pas vraiment envie de rentrer toute seule chez moi. Je me fichais de qui passait dans mon lit, il suffisait seulement qu'il ne soit plus là le lendemain matin. Je laissais ma tête reposée sur le torse de celui qui me tenait plus qu'il ne dansait. Il était beaucoup moins lourd que l'autre, il ne me touchait pas alors que l'autre s'en donnait à cœur joie. Il était quand même intéressé, je le sentais plus que je ne le devrais... J'avais cette même impression qu'à La Pantoufle de Verre, je donnais sans vraiment recevoir autre chose que des emmerdes derrière. Mes yeux s'était entre ouvert, mon prénom avait été divulgué et la voix ne m'était pas inconnue, c'était seulement ce sifflement désagréable qui m'empêchait d'y voir plus clair. Je tournais la tête alors que le mec d'en face plaça mes bras autour de son cou moite et ma réaction primal fut : « Berk... » alors que ce dernier défendait son territoire. Un haut le cœur m'avait pris soudainement, la transpiration était mon tue l'amour, je n'avais pas d'autre choix que de repousser Monsieur Transpi pour me retrouver seulement dans les bras de l'Intrus numéro 2 quand je levais les yeux sur Jax : « Hey... qu'est-ce que tu.. fous là ! » disais-je d'une manière un peu haché. Mon esprit pensait beaucoup plus vite, ma bouche ne pouvait pas suivre toute les syllabes à prononcer pour que ça soit audible : « De quoi je me mêle, putain... » Je lâchais en entendant ce qu'il répondit à Monsieur Transpi : « Mais il a raison, tu es vraiment un con pour croire que j'allais baiser avec toi, gros dégueulasse ! » disais-je en le repoussant puis en m'essuyant les mains sur ma robe. L'homme prit dans son amour propre me repoussa et je tombais dans les bras de Jax. Je ne savais pas comment mais j'avais sentie que les choses pouvaient dégénérer pour lui et je savais que cela allait forcément retomber sur moi : « Jax, je me sens mal... aide moi à sortir, s'il te plaît ! » Je le suppliais en m'accrochant à ses bras. J'ignorais déjà les pseudonymes fleuris que les deux mecs me lançaient dans mon dos. Je me disais toujours que la bave des crapauds n'atteignait jamais la blanche colombe et je m'en sortais plutôt bien.